Pourquoi le seul patient désagréable d'une journée retient votre attention?

Vous arrive-t-il d'avoir passé une journée complète de travail normale, avec une dizaine, vingtaine de patient et pourtant vous rentrez chez vous avec dans la tête UN SEUL patient? LE seul patient qui a été désagréable. Oui, celui-là même qui vous a fait perdre du temps à changer d'avis, qui a été grognon voir très pénible, qui a appeler votre assistante en colère parce que ce que le pansement provisoire que vous lui avez mis est tombé dès qu'il est sorti de chez vous, celui qui n'ouvrait pas la bouche ou qui bougeait toutes les 2 secondes et demie.... Enfin bref, tous les autres ont été sympas, n'ont pas bougé, ont même souri voir vous ont remercié et étaient très content de ce que vous avez fait et pourtant, c'est CE patient auquel vous pensez dans votre voiture en rentrant, pendant votre diner le soir, avant de vous coucher puis cela passe jusqu'au jour où vous voyez son nom sur le planning. Est-ce que cela vous parle?

Et bien l'étude des neurosciences nous permet aujourd'hui de comprendre pourquoi notre cerveau réagit trois plus au négatif et pourquoi les expériences douloureuses l'emportent sur les bonnes expériences.

Pour comprendre ce phénomène, il nous faut revenir quelques milliers d'années en arrière. Nos ancêtres, pour pouvoir se perpétuer, devaient trouver de la nourriture, un abri et se reproduire. Et surtout, avant toute chose, ils devaient éviter ce qui est douloureux, la famine et les prédateurs. Par conséquent c'est en souvenir des expériences douloureuses déjà vécues, que le cerveau s'est développé, tout simplement pour survivre. Oui, se souvenir de cet épisode douloureux permet juste de survivre d'autant
plus quand il est empreint d'une émotion.
Alors techniquement comment cela se passe-t-il dans notre cerveau quand on vit une expérience douloureuse comme ce fameux patient:

1/ L'amygdale est activée: déclenchement de la colère
2/ Elle envoie des signaux d'alerte à l'hypothalamus et au centre de contrôle du système nerveux central sympathique: déclenchement du combat ou de la fuite
3 l'hypothalamus relargue d'urgence de l'adrénaline, du cortisol et de la noradrénaline /: le cœur bat plus vite, on se sent bouleversé mais on a de l'énergie.
4/ L'hippocampe crée une 1ère trace neuronal de cette expérience et contribue à sa consolidation pour plus tard.
En bref: notre amygdale a ordonné à notre hippocampe de stocker cette expérience.
Par conséquent notre cerveau pendant toutes ses années a évolué ainsi, quand on vit une expérience négative avec une émotion forte, notre cerveau l'inscrit dans sa base de donnée pour que les fois suivantes, nous évitions cette expérience pour...SURVIVRE.
Alors pour mieux comprendre notre comportement, il faut comprendre que notre cerveau n'a pas tout de suite été comme aujourd'hui. Son système d'exploitation à ajouter au fur et à mesure de son évolution des "extensions" et actuellement nous savons que notre système d'exploitation est constituée de 3 systèmes que nous stimulons à chaque moment de notre journée face à une situation que l'on vit.
Le premier système est la partie la plus ancienne du nerf vague, l'aire parasympathique du SNA. C'est lui qui s'occupe de l'EVITEMENT. Principalement situé dans notre hémisphère droit et un peu dans le cortex préfrontal gauche responsable de tout ce qui est affectif. Cette partie a pour objectif d'apaiser, d'inhiber, de se retirer ou de s'immobiliser face à une menace
Le deuxième système est l'aile sympathique du SNA. Il est responsable de la RECHERCHE. Elle est située dans l'hémisphère gauche et beaucoup dans le cortex préfrontal gauche responsable du raisonnement. Ce système stimule, excite et favorise la recherche d'opportunité, incite au combat ou à la fuite lors d'une menace.
Enfin le dernier système à s'être mis en place et la partie la plus récente du nerf vague est l'ATTACHEMENT. C'est un système d'implication social.
Ces systèmes permettent en permanence, dans toutes les situations à répondre à 3 besoins fondamentaux de l'être humain:
- la sécurité
- la satisfaction
- la connexion aux autres.
LES GRANDES FONCTIONS DE CES 3 SYSTEMES
| EVITEMENT | RECHERCHE | ATACHEMENT |
Les besoins | la sécurité | la satisfaction | la connexion |
Les défis | ne pas être menacé | ne pas perdre | ne pas être rejeté |
En charge | des risques à repérer | des opportunités à saisir | sexualité, intimité, estime de soi |
Les capacités | immobilisation au combat ou fuite | rechercher, une quête soutenue | l'empathie, le lien, le langage |
Le comportement qu'il entraine | la prudence, l'inhibition, le retrait | l'enthousiasme, l'excitation, la persévérance | la sociabilité, l'affection, creér des liens |
Les neurotransmetteurs clés | Acétylcholine | Dopamine, opioïde | Ocytocine, vasopressine |
David Lefrançois, brainologie
Enfin, ces trois grands systèmes que nous utilisons en permanence dans toutes les situations de notre vie peuvent être soit en mode RECEPTIF ou REACTIF et chacun dans des modes différents au même moment.
Par exemple, le mode d'évitement peut être réceptif, la recherche réactif et l'attachement réactif...
QUE SE PASSE-T-IL QUAND CES SYSTEMES SONT EN MODE RECEPTIF?
| EVITEMENT | RECHERCHE | ATTACHEMENT |
Perception de soi | on est sécure | on est satisfait | on est connecté |
Notre vision du monde | on se sent protégé | on est en satiété, pas besoin de plus | On se sent inclus, reconnu |
Notre posture | on est confiant | on est épanoui | on se sent lié |
Notre mode de gestion | on est dans l'affirmation de soi | on a des aspiration positives | on est prévenant envers les autres |
Nos actes dans ces moments | on est digne, grave, retenu | on est généreux, créatifs | on a de l'empathie, de la compassion, de la bienveillance, on est coopératif et affectueux |
L'expérience que l'on vit | La paix intérieure | Le contentement | L'amour |
Les sentiments associés | La force, le calme, la détente, la tranquilité, la puissance d'action, l'efficacité | la gratitude, la joie, l'enthousiasme, l'accomplissement de soi, le succès | L'être vu, aimé, digne, apprécié, chéri, spécial |
David Lefrançois, brainologie
Là, quand les 3 systèmes sont en mode réception, nous sommes les rois du monde.
Mais qu'en est-il quand ils sont en mode réactifs?
QUE SE PASSE-T-IL QUAND LES SYSTEMES SONT EN MODE REACTIFS?
| EVITEMENT | RECHERCHE | ATTACHEMENT |
Perception de soi | on est insécure | on est insatisfait | on est déconnecté |
Notre vision du monde | on se sent en danger | on se sent en manque, incomplet | on se sent exclue |
Notre posture | on ressent de l'aversion | on convoite ce qu'on les autres | On souhaite une séparation |
Notre mode de gestion | on résiste | on est avide de réponses | on a besoin de s'accrocher |
Les actes associés | cherche à s'apaiser, s'immobiliser, fuir ou combattre | on a un besoin effréné de se surpasser, on est addictif à une substance (vin, cigarettes, médicaments) | On fait des reproches, on se querelle, on peut créer des préjudices |
L'expérience centrale | La peur | la frustration | Le chagrin |
Les sentiments associés | La colère, l'immobilité, la défaite, la faiblesse, l'accablement, l'impuissance | la déception, l'échec, la tristesse, l'affliction | une blessure, l'exclusion, l'abandon, la maltraitance, la provocation, le dépit, l'envie, la jalousie, le rejet, la solitude, la honte, l'inaptitude, l'indignité |
David Lefrançois, brainologie
Alors à votre avis dans quel mode êtes-vous lors de votre moment passé en présence de ce fameux patients dans chacun de ces 3 systèmes?
Est-ce que notre amygdale transmet le message à l'hypothalamus qu'il faut se souvenir de cette expérience?
Vous avez donc la réponse à pourquoi le seul patient désagréable d'une journée retient notre attention? Vous avez vos 3 système en mode réactifs donc votre cerveau à retenu cette expérience comme dangereuse pour vous et vous êtes en mode survie!!!! Merci notre cerveau!
Alors comment faire...la suite dans un prochain article!